Site de Rééducation vestibulaire et de l'équilibration.

Le fauteuil rotatoire à haute vitesse (FGV) / Rééducation vestibulaire

"La connaissance s'acquiert par l'expérience, tout le reste n'est que de l'information". Albert Einstein




En Europe francophone la technique de symétrisation vestibulaire sur fauteuil rotatoire mise au point par Alain Sémont est utilisée depuis plus de 30 ans. Incontestablement adoptée par les rééducateurs vestibulaires pour sa grande efficacité dans l'accélération des symptômes de la compensation centrale d'un déficit vestibulaire, elle a été mise en doute ces dernières années pour le manque de publications et parfois pour des raisons qui n'avaient rien de scientifique. En 2018-19 outre-atlantique cette méthode, initiée par Sémont dès les années 80, est enfin plébiscitée et des publications montrant son efficacité sont éditées (rebalancing vestibular system technic).

Une des erreurs majeures, mais encore répandue chez des thérapeutes peu expérimentés, est de penser qu'un déficit vestibulaire unilatéral provoque un manque d'équilibre debout important. Et qu'il faudrait "travailler l'équilibre". S'il est vrai qu'immédiatement après la lésion il peut y avoir un dysfonctionnement majeur du réflexe vestibulo-spinal, avec pertes d'équilibre et de repères pendant quelques jours, c'est rarement ce qui va gêner le patient par la suite. En réalité, le malade sera sensoriellement gêné par l'altération du réflexe vestibulo-oculaire. Un peu comme s'il n'y avait plus de stabilisateur d'image. lors des mouvements de la tête. Cela se traduit, entre autres symptômes, par des oscillopsies qui se manifestent le plus souvent lorsque le patient tourne rapidement la tête, ou une "impression" de flou visuel. Il faut donc agir "en haut" sur le réflexe vestibulo-oculaire. La technique de Sémont, au fauteuil rotatoire à haute fréquence est aussi appelée FGV ou fauteuil à grande vitesse. C'est un des outils majeurs du rééducateur vestibulaire pour la "symétrisation" du réflexe vestibulo-oculaire dans les suites d'un déficit vestibulaire unilatéral. Principalement quand la compensation centrale tarde à s'installer ou se fait incomplètement. Les RVO correspondant aux 3 canaux de chaque vestibule peuvent être travaillés. Mais dans la plupart des déficits vestibulaires unilatéraux, seul le réflexe vestibulo-oculaire horizontal a besoin d'être symétrisé. La majorité de ces déficits provoque des nystagmus horizontaux légèrement rotatoires. Ceci s'explique facilement par la physiologie antagoniste des canaux verticaux entre eux. Le fauteuil rotatoire n'est pas à proprement parler une technique d'habituation, mais plutôt d'un effet "trigger" (gâchette) qui ne peut se produire qu'après avoir atteint une vitesse supérieure à 300-350° angulaire par seconde. On force ainsi la compensation vestibulaire centrale. Le rétablissement d'un état de symétrie reflexe du système vestibulaire permet d'obtenir la stabilité du regard par suppression du nystagmus spontané ainsi que la disparition des oscillopsies. Le fauteuil rotatoire vestibulaire est un outils important dont on ne pourrait plus se passer.
Pour être efficace, ce travail de précision doit répondre à certaines règles:
  • Éliminer les cas "centraux" qui risqueraient d'hyper-réagir.
  • Pour être efficient, le fauteuil doit avoir un axe de rotation vertical passant par la tête du patient, ainsi qu'un empâtement très réduit de maximum 65 cm entre le dossier et les repose-pieds, pour accélérer rapidement. Il est facilement possible de contrôler si l'axe de rotation est bien positionné en suspendant un fil à plomb au dessus de la tête du patient. Il faut savoir qu'un décalage de 5 cm empêche tout résultat thérapeutique.
  • Le thérapeute doit impérativement se placer devant le patient pour observer la correspondance entre le temps perçu par le patient et les nystagmus post-freinages.
  • La vitesse doit atteindre presque 400°/secondes, et dans tous les cas, être supérieure à 360°/s. Afin d'atteindre le maximum d'inhibition de l'oreille avant qu'elle ne soit stimulée fortement par le freinage brusque du fauteuil. C'est seulement dans ces conditions que l'on peut obtenir l'effet trigger optimal.
  • Le rééducateur se doit de pratiquer régulièrement des tests de prépondérance directionnelle vestibulaire, au cours des séances, et principalement en fin de séance par un head-shaking test par exemple.
  • Une séance efficace, ce n'est pas "trois p'tits tours et puis s'en vont". Elle doit comporter suffisamment de stimulations.
  • Une séance de FGV ne doit pas comporter d'autres techniques, ayant un effet sur la réflectivité vestibulaire, telles que l'optocinétique, afin de ne pas déséquilibrer l'effet obtenu. Il est donc tout à fait possible de travailler la proprioception des membres inférieurs dans une même séance.

Pourquoi la rééducation dans les lésions vestibulaires unilatérales ne doit pas être uniquement active ?
Parce que, pour travailler les réflexes, tels que le vestibulo-oculaire, il est nécessaire de provoquer une stimulation forte et passive afin que le patient ne puisse pas programmer ses réactions.

Etat d'équilibre du système vestibulaire= Stabilité des yeux
Etat d'équilibre du système vestibulaire= Stabilité des yeux
  • Faut-il "rééduquer" systématiquement toutes les névrites vestibulaires ? Évidemment non ! Après une névrite vestibulaire ou un déficit vestibulaire stable (non fluctuant) , le malade doit bouger, marcher le plus précocement et le possible pour récupérer. C'est le médecin orl qui évalue la nécessité de booster la compensation centrale ou la récupération fonctionnelle du système vestibulaire. Pour cette évaluation , il peut pratiquer une batterie d'examens, tout d'abord cliniques (interrogatoire, constatation d'oscillopsie aux mouvement de tête, HIT, examens cliniques de la stabilité...). Puis, si nécessaire tels que le calorique, le VHIT, l'ERI, les VEMPo ou VEMPs.. La rééducation vestibulaire est généralement mise en place lors de la 2ème consultation oto-neurologique, à la constatation de la nécessité d'aider la récupération. On estime qu'environ 30% des névrites ont besoin d'une rééducation vestibulaire. Les symptômes d'une névrite vestibulaire disparaissent en 3 à 6 mois. Sauf que...cela peut être moins long... ou plus long. En effet, le temps de récupération dépend de nombreux facteurs tels que le type de virus incriminé, le degré d'atteinte du nerf ou du labyrinthe, l’existence de trouble visuels, neurologiques ou orthopédiques concomitants. La rééducation vestibulaire permet de diminuer très sensiblement les temps de récupération après lésion vestibulaire unilatérale.


  • Fauteuil manuel ou motorisé ?
    Dès 1995 nous avons conçu ou testé plusieurs fauteuils électriques.
    Nos conclusions sont que, pour la rééducation vestibulaire, le fauteuil lancé manuellement reste le plus pratique et le plus efficace. A condition que son axe de rotation soit bien positionné sous la tête du patient et que l'empâtement du fauteuil soit faible pour en limiter l'inertie et avoir une accélération rapide. De plus, les fauteuils motorisés peuvent s'avérer dangereux à ces hautes vitesses de rotation .

Un moyen simple et peu onéreux de contrôler la vitesse de rotation du fauteuil rotatoire manuel est l'utilisation d'un tachymètre téléchargeable sur smartphone. Ce contrôle ne sera plus nécessaire avec l'expérience.

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Effet d'une séance sur le nystgamus spontané. Forçage de la compensation vestibulaire centrale . (vidéo volontairement floutée)


Image fixe illustrant l'impression de "flou visuel" à la marche après un déficit vestibulaire. Cette sensation s'estompe progressivement avec l'avancée de la compensation vestibulaire. La rééducation vestibulaire aide efficacement à faire disparaître ce symptôme.

Mécanismes de la compensation vestibulaire suite à déficit vestibulaire


Film: La compensation vestibulaire de 1985

Ce film IPSEN de 1985 intitulé La compensation vestibulaire, commenté par Michel Toupet, montre les débuts de la Rééducation vestibulaire en France avec Alain Sémont.
35 ans après, ces fondamentaux sont toujours d'actualité.
Film numérisé et remastérisé par Jérôme Grapinet, mai 2017.

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